
Le mont Sion, l’une des collines de Jérusalem, située au Sud-Ouest de la vieille ville (Eman / Wikipédia).
Le Psaume 48 (47) ou la ville de rêve
Jean Grou | 27 janvier 2025
Lire le psaume (version liturgique)
Le Psaume 48 nous plonge dans la ville de Jérusalem et dans un lointain passé. Cela dit, il ne nous offre ni une visite touristique ni une leçon d’histoire mais plutôt un parcours théologique et spirituel. Suivons le guide!
Ce psaume fait partie de ce qu’on appelle les cantiques de Sion, des hymnes à la louange de Jérusalem, capitale politique et religieuse d’Israël à l’époque biblique, à partir du règne de David. Le premier verset indique dès le départ la raison pour laquelle la ville est célébrée avec tant de ferveur : Dieu l’a choisie comme demeure. En effet, le temple est reconnu comme le lieu par excellence de sa présence, ce qui fait de la colline où la cité est érigée une « sainte montagne » qui suscite la joie non seulement de la nation israélite mais aussi « de toute la terre » (v. 3).
Dieu habite en ses murs
Il faut bien se rendre compte que la description de Jérusalem ici n’a rien de réaliste. En effet, ce que le psaume appelle « la montagne de Sion » (v. 3) est plutôt, en réalité, une simple colline qui n’a rien pour faire le bonheur des alpinistes. Qu’à cela ne tienne : l’auteur de ces lignes n’hésite pas à lui attribuer le statut de « pôle du monde ». Une fois de plus, ces superlatifs expriment la conviction selon laquelle Dieu lui-même habite à l’intérieur des murs de la cité sainte, « en ses palais, vraie citadelle » (v. 4).
Dieu protecteur
Un effet de la présence de Dieu est d’assurer la protection de la ville sainte. Alors que des rois s’apprêtaient à l’attaquer, les voilà en déroute, « pris de panique » (v. 6). Il pourrait s’agir ici du souvenir d’un événement bien réel. Au 8e siècle avant notre ère, la puissante armée du roi assyrien Sennakérib assiège Jérusalem dans le but de s’en emparer. Mais assez mystérieusement, et sans avertissement, les potentiels envahisseurs quittent les lieux (2 Rois 19,35-36). Il n’en fallait pas plus aux Israélites pour attribuer au Seigneur cet étonnant renversement!
Louange à Dieu
À partir du verset 10, sans transition aucune, le psaume s’adresse directement à Dieu pour chanter sa louange. Il reprend plus ou moins les mêmes motifs que précédemment pour célébrer la grandeur du Seigneur : son amour et sa présence « au milieu du temple » (v. 10), sa gloire qui resplendit sur toute la terre (v. 11) et la protection qu’il assure à Sion (v. 11-12). On évoque aussi les jugements divins pour lesquels « les villes de Juda exultent » (v. 12).
Sortez vos appareils!
Aux derniers versets (v. 13-15) on change de nouveau d’interlocuteur, interpellant maintenant l’auditoire ou le lectorat. On lance une série d’invitations destinés à attirer l’attention sur la beauté et la grandeur de Jérusalem. En termes modernes, on pourrait dire que les touristes sont encouragés à se prendre en selfie devant les tours et les portes de la ville. Pourquoi? Pour rapporter à leurs enfants et petits-enfants des « souvenirs de voyage » : « Vous direz aux âges qui viendront : “Ce Dieu est notre Dieu, pour toujours et à jamais.” » Il ne faudrait pas oublier ce qui rend cette ville unique!
Et pour la prière?
Comment ce psaume peut-il s’inscrire au sein de la prière? Rappelons d’abord que pour la foi chrétienne, Dieu est venu habiter parmi les humains non pas dans un sanctuaire quelconque ou dans une ville, mais en la personne de Jésus de Nazareth. Pour nous, c’est lui le véritable temple, et nous en sommes les « pierres vivantes » (1 Pierre 2,5) Cela dit, chanter ce psaume n’est pas pour autant un exercice d’autocongratulation mais bien plutôt la célébration de la présence de Dieu en nous et parmi nous, avec tout le respect et les hommages qui lui reviennent.
Jean Grou est bibliste et rédacteur en chef de Vie liturgique et Prions en Église.
