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Archéologie
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chronique du 15 avril 2005

 

Zacharie et Siméon

Zacharie, le père de Jean-Baptiste, et Siméon, ce vieillard touchant qui reçut dans ses bras le bébé Jésus, au Temple, viennent de connaître une certaine notoriété, dans des circonstances pour le moins inattendues.

     Nous sommes dans la vallée du Cédron, située entre Jérusalem et le mont des Oliviers. Un jeune photographe s'amuse à prendre des clichés de monuments funéraires à la lumière rasante du soleil couchant. Au développement du film, des inscriptions en grec deviennent visibles. Une telle découverte ne peut être reléguée aux oubliettes!

     Depuis des siècles, la vallée du Cédron est un lieu de sépultures. Au Ier siècle avant notre ère, à l'époque hellénistique, de magnifiques monuments funéraires, encore visibles, y furent construits. À compter du Moyen Âge, on associe trois de ces tombeaux à des personnages connus : Absalom, fils maudit du roi David; Jacques, frère de Jésus et premier évêque de Jérusalem, et Zacharie, père de Jean-Baptiste. Évidemment, une telle désignation fait sourire les historiens!

Les inscriptions

inscriptions

     Sur la tombe dite d'Absalom, le photographe a cueilli trois inscriptions gravées au-dessus de la porte d'entrée. Ces épitaphes sont en caractères grecs, sans espacement des mots. La première, à gauche du monument, est perpendiculaire. Elle ne comporte qu'un mot : psichè (âme), traduction grecque du néfèsh hébreu signifiant « stèle funéraire ». Ce mot ne veut donc préciser que le type du monument.

     La deuxième inscription, au centre, s'étend sur deux lignes horizontales. Sans difficulté majeure, on peut lire : « Ceci est le tombeau de Zacharie, martyr, prêtre très pieux, père de Jean ». Il s'agit bien ici du père de Jean-Baptiste, d'après Luc 1,6-7.11-13, et le Protévangile de Jacques 23,3, daté de la fin du IIe ou du début du IIIe siècle, un texte qui évoque le martyre de ce même Zacharie.

     À droite, les six lignes verticales de la troisième inscription se lisent facilement : « Le sépulcre de Siméon, qui était un homme juste et un vieillard très religieux et (qui) attendait la consolation du peuple ». De toute évidence, l'inscription est inspirée de Luc 2,25; l'évangéliste parle ainsi du vieillard Siméon, lors de la présentation de Jésus au Temple de Jérusalem. On s'entend pour dater ces inscriptions de la fin du IVe ou du début du Ve siècle.

Les tombeaux

     Entre 330 et 350, Constantin édifie des églises aux lieux de la naissance, de la mort et de la résurrection de Jésus : Bethléem et Jérusalem. Les chrétiens cherchent alors à identifier d'autres lieux importants pour la foi chrétienne. C'est ainsi que, selon des témoins de la fin du IVe siècle, une tombe de la vallée du Cédron renferme les restes de Zacharie, de Siméon et de Jacques. Cette vieille tradition refait donc surface, mais les changements survenus par la suite appellent une explication.

     Depuis le Moyen Âge, une croyance veut que la tombe porteuse d'inscriptions soit celle d'Absalom, fils de David. La mémoire de Jacques et celle de Zacharie se retrouvent dans les deux monuments voisins. Et Siméon disparaît dans un total oubli! Quant au nom de Jacques, absent, de « nos » inscriptions, il pourrait se trouver, à peine visible, ailleurs sur le monument.

     Concluons par deux observations. Tout d'abord, puisque les monuments sont antérieurs à ces figures du Nouveau Testament, les inscriptions laissent entière la question du lieu de sépulture de de Zacharie, de Siméon et de Jacques. Elles disent seulement que leur souvenir a été logé sur ce monument après le IVe siècle. C'est aussi la première fois qu'un texte évangélique figure sur un monument ancien.

     La deuxième remarque porte sur le nom d'Absalom attaché, pour des raisons inconnues, à cette tombe aux inscriptions, à la même époque du Moyen Âge. Cette identification explique sans doute que Zacharie et Siméon aient été relogés dans des monuments voisins. Comme cet Absalom était honni de tous, juifs, chrétiens et musulmans lapidaient ce monument, lui causant bien des dommages. Serait-ce là la cause de l'absence d'une inscription dédiée à Jacques? On peut le penser. Zacharie, Siméon, Jacques, ces personnages feront sans doute la manchette dans un proche avenir.

Guy Couturier

Source : Parabole xxvii/2 (2004).

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Chefs de l'armée

 

 

 

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