
(images © The Fourth Expedition to Lachish)
Lakish : découverte récente d’un temple cananéen
Michel Mazerolle | 30 décembre 2024
Tell Lakish est un site archéologique immense qui n’a probablement pas encore livré tous ses secrets. Lors de la quatrième expédition sur le site, un nouveau temple cananéen a été exhumé [1]. Les campagnes récentes, dirigées par Yosef Garfinkel et Michael Hasel de 2014 à 2017, ont permis d’en savoir un peu plus sur la vie et la religion des Cananéens au 12e siècle avant notre ère.
Les temples de Lakish
Lors des campagnes de fouilles antérieures, les archéologues ont trouvé trois temples superposés datant du Bronze récent. Ils sont situés dans un ancien fossé de protection à une époque où la ville n’était pas fortifiée. Ensuite, dans les années 1970 et 1980, une autre équipe, sous la direction de David Ussishkhin, découvre le temple de l’Acropole, au centre du tertre. C’est une structure monumentale qui comporte plusieurs éléments égyptiens (colonnes octogonales et murs en plâtre blanc par exemple). La récente découverte est un sanctuaire contemporain au temple de l’Acropole, mais qui avait probablement un statut secondaire. On peut le déduire de par sa taille plus petite et son emplacement dans une partie basse de la ville [2]. Finalement, au nord-est de la grande plate-forme centrale, on a découvert un sanctuaire que les fouilleurs ont qualifié de « chapelle du Soleil ». Il s’agit d’un temple de la période perse ou hellénistique.
Le plan du temple
Le plan du sanctuaire appelé « temple nord-est » par les archéologues, est similaire à celui des temples de la même époque découverts dans le nord d’Israël, à Megiddo et à Hazor par exemple.
Ce sanctuaire fait face au versant nord du tertre. Il fait 19 mètres dans l’axe nord-sud, 16 mètres d’est en ouest pour une superficie d’environ 304 m2. Il comprend huit unités architecturales et une cour ouverte à l’avant.

Bas-relief du palais sud-ouest de Ninive, sur la prise de Lakish (Wikipédia).
Les unités architecturales correspondent à des lettres sur le plan. La zone A fait office d’entrée. Les chambres B et C forment une unité qui semble être la base d’une tour d’escalier. On présume qu’une tour semblable devait exister à l’opposé est, d’où les pointillés sur le plan. La salle D est le hall principal du temple. Il domine les pièces adjacentes E, F, G et H.
Deux piliers ont été trouvés au sud et un au nord. Il devait probablement y en avoir un deuxième également au nord. Ils servaient à supporter le toit. La salle E sert de grenier. Il est séparé en deux. Une section pour le stockage de céréale et l’autre pour d’autres activités. La salle F est considérée comme un débarras. On y a retrouvé une variété de récipients en poterie et une concentration de graines carbonisées. La zone H est considérée comme le saint des saints. Il n’est pas clair si c’était réellement une pièce ou une niche. Finalement, une cour ouverte borde la partie sud du temple.
On a retrouvé une quantité importante d’objets à l’intérieur du temple : des chaudrons en bronze, des bijoux inspirés de l’ancienne déesse égyptienne Hathor, des poignards et des têtes de hache ornés d’images d’oiseaux, des scarabées, une bouteille plaquée or avec le nom de Ramsès II, entre autres.
À l’intérieur de la salle H, on a trouvé deux statuettes des plus fascinantes : une paire de dieux guerriers. Ce sont deux figurines masculines font 10 et 8 cm de hauteur. Coulées en bronze, elles ont toutes deux la main droite levée, portent des jupes courtes et de grandes coiffes. L’une d’elles rappelle la couronne blanche de la Haute-Égypte. Sous leurs pieds, on retrouve des chevilles qui servaient à les fixer à des supports en bois. Aussi, l’un d’eux porte toujours une arme. Le type de figurine du dieu frappeur est connu principalement à l’âge du Bronze et du Fer I. Ces statuettes sont connues dans tout le Levant. Les figurines représentent les dieux cananéens Baal ou Resheph.
Conclusion
Les lieux de culte les plus importants dans les sociétés anciennes du Proche-Orient étaient les temples. Ces bâtiments étaient perçus comme la demeure terrestre des dieux. La présence de deux temples en activité à Lakish, pendant une même phase d’occupation du site, n’est pas un fait unique mais semble indiquer l’importance de cette ville dans la région.
Michel Mazerolle est étudiant à l’Institut d’études religieuses de l’Université de Montréal.
