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Le livre de Ruth (1/8)
 

Introduction

Le livre de Ruth est un petit bijou de littérature biblique. Même si son titre fait référence à l’une des héroïnes, on ne peut passer sous silence Noémi qui y joue un rôle de premier plan. L’histoire est simple. Après avoir quitté Bethléem en raison de la famine, Noémi et son mari s’installent au pays de Moab avec leurs deux fils. Mais une nouvelle épreuve attend Noémi : elle perd son mari et ses deux fils. Elle libère alors ses deux brus de la charge de s’occuper d’elle, et décide de retourner dans son pays. Ruth refuse de se séparer de Noémi et l’accompagne jusqu’à Bethléem. Noémi mène le jeu dans le but de trouver une descendance. Elle incite Ruth à se faire glaneuse dans un champ qui appartient à un homme de sa parenté du nom de Booz en qui elle espère trouver le go’el qui, en épousant Ruth, lui assurera une descendance. Son projet réussit. Noémi se réjouit de l’enfant qui naît du mariage de Ruth et de Booz. Cet enfant, Oved, sera le père de David, et un lointain ancêtre de Jésus.

La place de Ruth dans la Bible

     Dans la Bible hébraïque, le livre de Ruth est placé dans la partie des Écrits (Ketuvim), après la Loi (Torah) et les Prophètes (Nevi’im). Ruth figure en tête de la collection des cinq Rouleaux (Megillôt), suivi du Cantique, de Qohélet (ou l’Ecclésiaste), des Lamentations et d’Esther. Ces cinq petits livres sont regroupés entre le livre des Proverbes et celui de Daniel. La Traduction œcuménique de la Bible (TOB) a adopté cette classification. La Bible de Jérusalem suit plutôt la classification des versions grecque (Septante) et latine (Vulgate) et place le livre de Ruth entre les Juges et le 1er livre de Samuel, en raison de l’introduction qui situe l’histoire de Ruth au temps où gouvernaient les Juges (Rt 1, 1).

L’usage liturgique des Megillôt

     Les cinq petits livres qui constituent les Megillôt sont lus aux principales fêtes liturgiques qui commémorent des événements importants de l’histoire juive.

  • Le Cantique des cantiques est lu lors de la Pâque, d’abord fête printanière des agriculteurs et des éleveurs, devenue ensuite mémorial de la libération du pays d’esclavage,  printemps de l’amour de Dieu pour son peuple (Ct 2, 11-13).
  • Ruth est lu à la fête des Semaines (Shavouôt, Pentecôte) qui marque le début de la moisson  des orges (Rt 1,2) et qui rappelle la marche au désert et le don de la Loi à Moïse.
  • Le livre des Lamentations est lu le 9 du mois d’Av, jour de la commémoration de la destruction du Temple et de Jérusalem par les armées babyloniennes en 587 A.C..
  • Qohélet est lu à la fête des Tentes (Soukkôt) qui souligne les vendanges et les récoltes d’automne en même temps qu’elle rappelle les campements des Hébreux durant leur longue pérégrination au désert.
  • Enfin le livre d’Esther est lu à la fête de Purim qui est célébrée en février-mars en souvenir du jour où Mardochée et Esther, deux juifs de la diaspora sous le règne de Xerxès (485-465 A.C.), sauvèrent les Juifs de Perse que le premier ministre Amman voulait exterminer.

     L’usage liturgique du livre de Ruth durant la fête des Moissons, ou Shavouôt, peut répondre à deux motifs. L’un est d’ordre chronologique : l’action du récit se déroule au temps de la moisson des orges au printemps. L’autre motif est d’ordre théologique. Puisque la fête des Moissons célèbre le don de la Loi, l’histoire de Ruth la Moabite qui reste attachée à sa belle-mère Noémie et la suit jusque dans son pays d’origine, au point d’y devenir une étrangère, envoie le message que les païens  peuvent vivre sous le régime de la Loi et que des femmes étrangères peuvent être intégrées dans la communauté israélite. Si tel est le cas, la composition du livre de Ruth daterait du retour de l’exil, à une époque où l’opinion dominante inspirée d’Esdras désapprouve les mariages d’Israélites avec des femmes étrangères (Esdras 10, 17-44).

La date du livre

     Il est difficile de déterminer la date de composition du livre de Ruth. Les opinions sont partagées. Certaines raisons militent en faveur d’une période pré-exilique, soit avant 587 A.C., à cause du style qui se rapproche de la prose de l’Ancien Testament et de la pratique de certaines coutumes juridiques anciennes comme la loi du rachat (go’el) et celle du lévirat qui sont antérieures au code deutéronomique publié au temps du roi Josias (640-609). Mais la nécessité d’expliquer ces mêmes coutumes fait plutôt pencher en faveur de la période qui suit le retour d’exil, à partir de 537. À cela s’ajoutent des thèmes comme l’universalisme, la conception de la rétribution et le sens de la souffrance qui se comprennent mieux à la suite de l’expérience de l’exil.

Bibliographie

  • WÉNIN, André, Le livre de Ruth. Une approche narrative, Cahiers Évangile 104, Paris, Éditions du Cerf, 1998, 67 p.
  • DA SILVA, Aldina, Ruth. Un  Évangile pour la femme d’aujourd’hui, coll. Parole d’actualité 4, Médiaspaul, 1996.
  • TURIOT, Cécile, « Ruth l’étrangère au grand cœur », Biblia No 78, Paris, Éditions du Cerf, avril 2009.

 

Yves Guillemette, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2200. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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