Les scandales de la Bible
Jean-Pierre Prévost
Paris, Bayard ; Montréal, Novalis, 2006, 202 p.
Titre provocant, qui ne laisse aucun lecteur indifférent, surtout pas le sceptique, ni le croyant. Le premier voudra découvrir de nouveaux arguments pour justifier son refus. Le second, s'il est conservateur ou fondamentaliste, sera déconcerté ou ébranlé dans sa foi. Mais le lecteur honnête ne craindra pas de confronter sa foi aux difficultés du texte sacré.
Jean-Pierre Prévost, exégète de profession, a le courage de décrire le paysage qui contient tous les irritants de la Bible. Un bilan auquel personne ne peut se soustraire!
La violence éclate dès le début de la Bible et jusqu'à la fin, avec l'Apocalypse. En dehors des violences prévisibles (combats, conquêtes,..), des brutalités imprévues, subites et extrêmes, explosent soudain dans des passages sereins, comme si l'instinct de vengeance attendait dans le subconscient humain pour éclater.
Même la prière et la figure de Dieu
Les Psaumes confrontent le croyant à un problème aigu : comment associer la violence à sa prière? Peut-on prier dans la violence? Difficilement! Mais peut-on prier la violence? Évidemment non!
On ne serait pas honnête, si on omettait de relever les multiples déformations de la figure de Dieu, qui heurtent le lecteur tout au long de la Bible. Cette pénible énumération a pour titre général « Dieu en question ». Elle comprend six sous-titres. 1) Dieu unique, Dieu jaloux. 2) Un Dieu exclusif. Le Dieu d'un peuple ou un Dieu pour tous? 3) Dieu patriarcal. 4) Dieu vengeur et vindicatif. 5) Dieu de colère. 6) Dieu violent.
Une sorte de conclusion porte le titre « Les scandales de la Bible au risque de l'interprétation ». Les traditions juive et chrétienne ont pris au sérieux ces « scandales » et ont tenté d'en fournir une explication valable. Après le bilan des faits littéraires sans interprétation, lauteur présente un panorama général, où il énumère dans lordre chronologique les sept méthodes ou approches, utilisées au cours des siècles, pour interpréter la Bible. . La seule description de ces approches ou méthodes ne sont pas des tentatives de solution, mais des pistes de recherche.
Au fond, c'est Dieu qui a pris le risque des médiations humaines et de leurs interprétations, avec leurs limites, leurs lacunes et leurs travers. Ces « scandales », auxquels Dieu sest soumis, étaient les humiliations qui préludaient au scandale central de l'histoire, lIncarnation et l'infamie de la croix.
Jean-Louis D'Aragon
Bibliste, Montréal