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chronique du 1er juin 2007
 

Hérodium : forteresse, palais... et tombeau

Au cœur du désert de Judée, à une douzaine de kilomètres au sud de Jérusalem, non loin de Bethléhem, se trouve l’une des réalisations les plus impressionnantes du roi Hérode le Grand, Hérodium, un complexe palatial fortifié. Et c’est là, écrit l’historien ancien Flavius Josèphe, que le roi des juifs aurait décidé d’être enseveli.
 

Hérodium

L’Hérodium, au sommet de la colline que je viens de redescendre
en compagnie de deux amis de l’École biblique.
(photo : C. Boyer)

     Hérode avait été nommé roi par les Romains, et il était, comme eux, un grand bâtisseur. Mais aussi un grand paranoïaque : il était obsédé par les complots. Il avait d’ailleurs fait assassiner sa femme et trois de ses fils par crainte qu’on veuille lui ravir le pouvoir. Au cours de son long règne (34 ans), Hérode avait fait construire un réseau de palais-forteresses, des refuges impénétrables, comme celui de Machéronte, dans l’actuelle Jordanie, ou celui, plus célèbre, de Massada, tout près de la mer Morte. On se servait de feux pour faire des signaux et communiquer entre ces différentes places fortes.

     Hérodium est l’un de ces refuges, le seul à porter le nom de son bâtisseur. Hérodium témoigne bien du génie et de l’audace d’Hérode. Ce dernier a fait complètement remodeler et surélever la colline sur laquelle la forteresse a été érigée. Au sommet de la colline, une muraille circulaire dont l’extérieur fut recouvert de gravier et de terre donne à Hérodium l’aspect d’un cratère. La technique était assez originale à l’époque, et l’effet est encore surprenant aujourd’hui!

forteresse

Dans la forteresse.
Photo prise sur le mur circulaire (derrière moi)
juste au dessus des restes du quartier d’habitations.
La rampe (à droite) n’est pas hérodienne,
elle a été construite par les archéologues qui ont fouillé le site.
(photo : C. Boyer)

     Vous avez probablement remarqué sur les deux photos ci-dessus combien mes amis et moi sommes habillés chaudement... C’est qu’il peut faire froid en hiver dans le désert, même en plein jour! D’ailleurs, durant l’hiver, le roi Hérode ne logeait pas dans l’Hérodium, mais dans son palais de Jéricho. Hérode utilisait Hérodium comme résidence d’été. Certains de ses appartements personnels étaient situés au dessus de l’une des tours édifiées aux quatre points cardinaux sur la muraille circulaire de l’Hérodium. De là, Hérode avait une vue magnifique sur le désert de Judée.

     Dans la forteresse, certains vestiges sont encore bien visibles. Outre le quartier d’habitations, on y voit les restes d’un grand jardin, d’une salle de réception (un triclinium), des bains privés, ainsi que des entrepôts (pour les vivres) et des citernes (afin de recueillir l’eau de pluie durant l’hiver). On accédait à l’Hérodium en empruntant un escalier extérieur qui gravitait la colline à la verticale et qui se terminait par un passage souterrain débouchant à l’intérieur de la forteresse.

tombeau des prophètes

Dans la forteresse de l’Hérodium.
La tour que l’on voit en arrière-plan est aujourd’hui en partie effondrée,
mais à l’époque d’Hérode, elle supportait les appartements royaux.
(photo : C. Boyer)

     Si la forteresse de l’Hérodium, au sommet de la colline, était sans doute très confortable, le palais comme tel était situé au pied de la colline. Il s’agissait d’un réel centre de détente et de loisirs où tout était organisé pour satisfaire le goût du luxe d’Hérode et le confort de ses invités. Dans cette cité miniature, on trouvait des thermes, avec leurs différentes salles (bain chaud, bain froid...), une grande piscine entourée d’un jardin, ainsi qu’un stade où se déroulaient divers spectacles. Une longue galerie située juste devant le palais surplombait ce stade.

     On imagine aisément la famille royale et ses convives installés confortablement sur la terrasse, assistant à des courses, par exemple, et se rendant ensuite dans le jardin adjacent, bordé de portiques sur trois cotés, au centre duquel se trouvait un bassin à ciel ouvert, un bassin tellement grand qu’on pouvait y naviguer sur de petites embarcations, pendant que les enfants s’amusaient à plonger dans l’eau à partir du pavillon circulaire formant un îlot au centre de la piscine. Pour alimenter en eau son complexe palatial Hérode avait fait construire un aqueduc de 6 km.

forteresse

Une autre photo de l’intérieur de l’Hérodium prise à partir du haut du mur circulaire.
Mes amis se tiennent au milieu de ce qui étaient à l’époque un grand jardin,
sans doute agrémenté de quelques palmiers, arbustes et fleurs.
Certaines colonnes sont encore partiellement debout.
(photo : C. Boyer)

     Dans les évangiles, Hérode le Grand n’apparaît que dans les récits de naissance de Jésus. C’est lui qui aurait ordonné, selon Matthieu, le massacre des enfants de Bethléhem (Mt 2,16-18). Le « Hérode » dont il est question dans le reste des évangiles désigne en fait Hérode Antipas, le fils d’Hérode le Grand qui gouvernait la Galilée à l’époque de la vie publique de Jésus. Hérode le Grand est mort en -4, soit quelques années seulement après la naissance de Jésus.

     Flavius Josèphe, l’historien juif ayant vécu au premier siècle de notre ère, écrit qu’Hérode avait choisit l’Hérodium comme lieu de sa sépulture. Le tombeau d’Hérode serait donc quelque part dans le complexe palatial. Mais où, précisément? Le texte de Josèphe est imprécis. Des fouilles archéologiques ont été entreprises par l’Université hébraïque de Jérusalem, qui a pris le relais des franciscains depuis les années 1970, mais fouilles après fouilles, rien de ce qui pourrait ressembler à un tombeau n’a été retrouvé.

     Rien... jusqu’à tout récemment (avril 2007). C’est sur le versant nord de la colline de l’Hérodium que le tombeau d’Hérode a enfin été découvert. Ou plutôt, ce qu’il en reste, car il a été démoli, probablement au cours de l’Antiquité. Aucun ossement n’a été retrouvé, aucune inscription, seulement quelques morceaux d’un sarcophage en calcaire finement décoré. Les décorations, selon l’archéologue dirigeant les fouilles, ne laissent pas de doute sur l’identité de celui qui a été inhumé ici. Hérodium fut bien la dernière résidence d’Hérode le Grand.

EBAF

Voici le genre de paysage que pouvait observer Hérode de ses appartements
de la forteresse d’Hérodium. Les habitations et le village que l’on voit
sont ceux d’Arabes palestiniens : Hérodium est située en Cisjordanie.
(photo : C. Boyer)

     Tout comme la forteresse de Massada, celle de l’Hérodium a été occupée à deux reprises par des insurgés juifs, d’abord lors de la première révolte juive (66-70), puis lors de celle de Bar Kokheba (132-135). Au cours de ces brèves occupations, le site a subi quelques modifications : le triclinium a été transformé en synagogue, un bain rituel (miqveh) a été construit et un réseau de tunnels a été creusé dans la colline pour permettre aux insurgés des attaques surprises contre leurs assaillants romains. C’est peut-être lors de l’une de ces dernières occupations que le tombeau d’Hérode fut détruit, par des juifs qui considéraient Hérode comme un tyran à la solde des Romains.

Chrystian Boyer

Article précédent :
Les tombeaux taillés dans le roc

 

 

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