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Les Psaumes

 

David
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chronique du 7 mai 2004
 

Célébrer la délivrance de la servitude avec le Psaume 114


Le Psaume 114 (113 A dans l'ordre de la Bible grecque). Voici la version du Psaume que l'on utilise dans la Liturgie des heures (le bréviaire) :

Quand Israël sortit d'Égypte,
Et Jacob, de chez un peuple étranger,

Juda fut pour Dieu un sanctuaire,
Israël devint son domaine.

La mer voit et s'enfuit,
le Jourdain retourne en arrière.

Comme des béliers, bondissent les montagnes,
Et les collines comme des agneaux.

Qu'as-tu mer à t'enfuir,
Jourdain, à retourner en arrière?

Montagnes, pourquoi bondir comme des béliers,
collines, comme des agneaux?

Tremble, terre, devant le Maître,
devant la face du Dieu de Jacob,

lui qui change le rocher en source,
Et la pierre en fontaine!

     Ce poème fait partie des psaumes du Hallel , un groupe de psaumes (113 à 118) que l'on chantait autrefois comme maintenant, à l'occasion de la Pâque. On célébrait la délivrance de la servitude d'Égypte. L'Exode, mot qui veut dire sortie, désignait tous les événements entourant la libération de l'esclavage du peuple d'Israël au temps de Moïse. Ces événements historiques pouvaient être encadrés comme on le fait dans le psaume par le passage de la mer Rouge et le passage du fleuve le Jourdain.

     Ce psaume est d'une très jolie composition et il est facile de s'en servir dans nos liturgies. Il est simple à comprendre et il inspire la joie. On note le parallélisme entre les deux passages, celui de la mer Rouge et celui du Jourdain. On remarque la brièveté du texte, l'imagination de l'auteur qui fait bondir montagnes et collines, ainsi que l'effet de surprise des comparaisons (montagnes comme des béliers, collines comme des agneaux). Le psaume a été composé, semble-t-il à Guilgal, un sanctuaire près du Jourdain. Ce lieu est entouré de montagnes, selon l'allusion qu'on y fait. Plus tard, il a été utilisé dans la liturgie du temple de Jérusalem où l'on faisait des rituels de l'eau. On versait de grands vases d'eau fraîche sur l'autel comme pour appeler la pluie.

     Un des épisodes de l'Exode qui est évoqué dans le psaume est celui de l'eau qui sortit du rocher pour désaltérer le peuple lorsque Moïse a frappé le roc de son bâton. Le Dieu de Jacob, l'ancêtre des douze tribus, « change le rocher en source et la pierre en fontaine ».

     Tout le psaume fait penser que le peuple a mangé la Pâque avant de traverser la mer Rouge et de nouveau après avoir traversé le Jourdain. Ce sont des repas sacrés qui commémorent la présence de Dieu à la vie des hommes un peu comme le fait l'eucharistie.

     Comme la Passion et la Résurrection du Christ renouvelleront spirituellement les événements de l'Exode, Josué qui était à la tête du peuple franchissant le Jourdain, a été considéré par les Pères de l'Église (les premiers évêques de la communauté chrétienne), comme une figure de Jésus , dont il est l'homonyme. Jésus est la forme grecque du nom Josué.

     La critique historique rapproche l'événement de la traversée du Jourdain de ce qui se produisit en 1267 d'après un chroniqueur arabe : le Jourdain cessa de couler pendant dix heures parce que des éboulements de terrain avaient barré la vallée, précisément dans la région d'Adama-Damieh. Le langage de la nature nous parle de Dieu et de son plan de salut avec poésie.

Pierre Bougie, PSS
professeur au Grand séminaire de Montréal

 

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Le psaume 128 : bénédiction sur les fidèles