INTERBIBLE
Au son de la cithare
célébrer la paroleintuitionspsaumespsaumespsaumes
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Les Psaumes

 

David
     

chronique du 13 février 2015

 

Chantez pour le Seigneur un chant nouveau : Psaume 149

Psaume 149

Initiale C – psaume 149
Psautier de Saint Albans, vers 1130, Dombibliothek Hildesheim
Image © Hildesheim, St Godehard

Alléluia!

Chantez pour le Seigneur un chant nouveau;
Chantez sa louange dans l’assemblée des fidèles.
Qu’Israël se réjouisse de son Auteur,
Que les fils de Sion fêtent leur roi.

Qu’ils louent son nom par la danse;
Qu’ils jouent pour lui du tambour et de la cithare.
Car le Seigneur favorise son peuple;
Il pare de victoire les humbles.

Que les fidèles exultent en rendant gloire,
Que sur leurs nattes ils crient de joie,
Exaltant Dieu à plein gosier,
Tenant en main l’épée à deux tranchants.
Tirer vengeance des nations
Et châtier les peuples,
Enchaîner leurs rois
Et mettre aux fers leurs élites,
Exécuter contre eux la sentence écrite,
C’est l’honneur de tous ses fidèles!

Alléluia!

Traduction officielle liturgique

Victoire de Dieu briseur de guerres

     Le psaume 149 commence et finit par un « Alléluia! », que l’on devine retentissant. Le psaume invite à  chanter la louange de Dieu dans un chant joyeux et triomphal, au terme d’une bataille dont on est sorti victorieux.

     Dieu est présent dans ce chant de louange, mais discrètement. L’attention se porte surtout sur l’assemblée des fidèles. Ce nom revient trois fois dans un poème qui ne compte que neuf versets. Les trois fois sont situées à des endroits stratégiques.  Dans une sorte d’inclusion, les fidèles sont nommés dans le premier et le dernier verset. C’est déjà dire l’importance de ce mot. Les fidèles sont mentionnés aussi au milieu du psaume, au moment où on s’apprête à défiler la liste des châtiments que l’on veut faire subir aux vaincus. Ces fidèles, c’est Israël, ce sont les fils de Sion (v. 2). Ce sont les humbles (v. 4), tous ces petits qui comptent sur Dieu, qui se mettent entre les mains de leur Auteur (v. 2), qui reconnaissent que la puissance de Dieu est à l’œuvre dans leur faiblesse.

     Et que Dieu est le véritable vainqueur dans cette affaire! Aussi mérite-t-il qu’on sorte le tambour et la cithare, tous les instruments de musique qui permettront de créer un chant nouveau en son  honneur. Et même, qu’on laisse entendre des cris rauques pour exalter Dieu « à plein gosier » (v. 6).

     La Bible propose plusieurs descriptions de fête pour célébrer les victoires de l’humble peuple de Dieu. On saisira l’atmosphère qui se dégage du psaume 149 dans les réjouissances qui suivirent la victoire de Judith sur le puissant Holopherne :

Toutes les femmes d’Israël accoururent pour la voir et elles la bénirent. Certaines d’entre elles firent un chœur pour elle. Elle prit des thyrses dans ses mains et en donna aux femmes qui étaient avec elle. Elles se couronnèrent d’olivier, elle-même et celles qui étaient avec elle, et elle s’avança en tête de tout le peuple, conduisant le chœur de toutes les femmes. Tous les hommes d’Israël suivaient en armes et couronnés, des hymnes à la bouche. Alors Judith entonna cette action de grâce parmi tout Israël et tout le peuple fit retentir très haut cette louange : Judith dit : « Entonnez un cantique pour mon Dieu avec des tambourins, chantez le Seigneur sur les cymbales, composez pour lui un psaume de louange, exaltez et invoquez son nom. Car c’est un Dieu qui brise les guerres. » (Judith 15,12 – 16,2)

     La deuxième partie du psaume évoque la guerre elle-même. Les chrétiens qui prient ce psaume ravalent leur salive quand ils arrivent au verset 5. Ils n’ont pas le goût de chanter à tue-tête, encore moins de danser en « tenant en main l’épée à deux tranchants » (v. 6). Le psaume se retrouve aux Laudes du dimanche matin et des grandes fêtes. On n’a pas envie de participer, ni d’assister à la procession de la vengeance, des châtiments, des chaînes, des fers et de tout ce qui permettrait à la haine de se déchaîner. Dieu briseur de guerres, au secours!

     Avec les Hébreux, nous pouvons faire mémoire de la sortie d’Égypte et de la libération de l’esclavage :

Un silence paisible enveloppait tous les êtres et la nuit était au milieu de sa course; alors ta Parole toute-puissante, quittant les cieux et le trône royal, bondit comme un guerrier impitoyable au milieu du pays maudit, avec pour épée tranchante, ton décret irrévocable. Se redressant, elle sema partout la mort; elle touchait au ciel et foulait la terre. (Sagesse 18,14-16)

     Le psaume peut nous inviter à louer pour la victoire finale de Dieu sur le mal et sur la mort. Inaugurée dans la mort et la résurrection de Jésus, cette victoire atteindra sa pleine réalisation à la fin des temps. « Nous anticipons moins sur ce que sera le triomphe de Dieu et des siens que nous n’affirmons dans la foi notre condition de ressuscités avec le Christ, revêtus en lui, notre salut, du salut de Dieu (v. 4), vainqueurs avec lui du mal par le glaive à deux tranchants qu’est la Parole divine, dans notre grandeur de peuple sacerdotal et royal. » [1]

[1] M. Mannati, Les psaumes, Cahiers de la Pierre qui vire, Paris, Desclée de Brouwer, tome 4, p. 290.

Denis Gagnon

Article précédent :
Tu as été notre abri : Psaume 90 (89)