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chronique du 22 octobre 1999 |
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Pourquoi ne l'ont-ils pas reconnu?
Ce récit est placé à la fin de l'Évangile, c'est-à-dire à la charnière entre l'évangélisation par Jésus et l'évangélisation par les apôtres qui fera l'objet du deuxième tome de l'oeuvre de Luc, c'est-à-dire les Actes des Apôtres. Dans ce texte, Luc nous présente en quelque sorte, sous forme de récit, un petit traité sur la mission, c'est-à-dire sur l'évangélisation. Il présente Jésus comme un modèle d'évangélisateur (modèle pour les apôtres, qui vont prendre le relais de Jésus, et pour tous les disciples qui vont suivre et ont à témoigner de Jésus). Comme les gens de la communauté chrétienne de Luc, nous pouvons faire nôtres les différentes étapes que suit Jésus pour évangéliser, c'est-à-dire conduire à la rencontre de foi :
Nous pouvons, ensuite, relire l'histoire en suivant les deux voyageurs, qui nous représentent comme disciples, et en voyant comment chaque étape de la narration représente une étape d'un cheminement spirituel, d'un parcours de rencontre de Jésus ressuscité: voir comment ils ont passé progressivement de l'éloignement du groupe des disciples (l'Église) à un retour joyeux où, solidaires en Église, ils témoignent de leur foi. On saisira alors que Luc, par sa manière de raconter le récit, veut enseigner aux gens de sa communauté, et à nous aujourd'hui, que nous ne sommes pas défavorisés par rapport aux disciples de Jésus car nous avons des lieux où Jésus se donne à rencontrer : dans les événements, même tristes, de notre vie (v. 13-24); dans l'Écriture Sainte, que nous sommes invités à lire (v. 25-27); dans l'Eucharistie (v. 28-31). Mais, comme pour les disciples, si Jésus nous donne des signes de sa présence, c'est ultimement dans la foi que nous pouvons vraiment le reconnaître (v. 31). Vous voyez donc que la manière si riche avec laquelle Luc nous raconte l'apparition à Emmaüs, une cinquantaine d'années après que l'événement s'est passé, n'a pas pour but premier de rapporter en détail l'événement de l'apparition telle qu'elle s'est déroulée. Bien sûr, Luc rapporte un événement qui a réellement eu lieu, une apparition réelle. Qu'est-ce qui s'est passé exactement? Nous ne le savons pas. Le récit nous dit cependant un certain nombre de choses, que vous soupçonnez d'ailleurs, de par la formulation de votre question. Jésus ressuscité « n'était pas en chair et en os »... sinon il ne serait pas vraiment ressuscité! La résurrection, en effet, n'est pas la réanimation du cadavre de Jésus. Jésus ressuscité est passé à un autre mode d'existence. Son corps n'est plus « charnel » mais, pour employer l'expression de saint Paul, c'est un corps « spirituel » (1 Co 15,44). Il ne pouvait pas être visible par les seuls yeux du corps. C'est pourquoi, les disciples auront besoin des yeux de la foi (v. 31) pour le reconnaître, c'est-à-dire pour dire qu'il est Vivant, qu'il a vaincu la mort. Cependant, ce récit d'Emmaüs, comme les autres récits d'apparition, nous dit que Jésus ressuscité a manifesté sa présence par des signes particuliers, privilégiés, à ses disciples qui l'avaient connu dans son existence terrestre. De sorte que la foi des disciples, sur le témoignage de qui se fonde la nôtre, est raisonnable. Qu'est-ce que les disciples d'Emmaüs ont vécu exactement? Quel signe précis ont-ils eu que Celui qu'ils avaient vu mort était vivant et présent à leur vie? Il est difficile de le préciser à partir du récit de Luc, qui a une autre visée. Mais, comme vous dites si bien, Luc nous dit dans ce récit que, nous aussi, nous avons des signes de la présence du Ressuscité, des signes qui deviennent parlants si nous ouvrons les yeux de notre foi : le prochain à aimer, l'Évangile à lire, le repas eucharistique à fréquenter... Article précédent
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