Nativité. Fra Angelico, 1440-41. Fresque, 193 x 164 cm. Convento di San Marco, Florence (Wikimedia).

Laurent Lafontaine | 2 décembre 2005

Premier article d’une série sur les récits de l’enfance qu’on appelle parfois « les évangiles de l’enfance ». Dans cet article, l’auteur dresse la table et compare comment chaque évangéliste commence son récit.

Marc et Jean commencent leur évangile avec le récit de la prédication de Jean le Baptiste et du baptême de Jésus. Chez Jean, un prologue solennel montre bien que les choses ont leur commencement en Dieu. Matthieu (chapitres 1 et 2) et Luc (chapitres 1 et 2) sont les seuls a nous présenter des récits de la naissance et de l’enfance de Jésus.

Les évangiles sont comme des maisons placées côte à côte, sur la même rue ; elles n'ont pas la même architecture ni la même décoration. Il ne faut pas essayer de les harmoniser, ni de diminuer les différences, sinon chacune perdra son cachet, son originalité. Nous aurons alors toute une série de maisons semblables au point de nous tromper de maison et même de rue tellement tout est pareil.

Jésus au commencement

Marc commence son évangile par ces mots : « Commencement de l’Évangile de Jésus Christ Fils de Dieu. » Jean débute par son prologue : « Au commencement était le Verbe (Logos en grec). » Matthieu, lui, écrit : « Livre des origines de Jésus Christ, qui était fils de David et fils d’Abraham. » Puis suivent la généalogie de Jésus et le récit de l’enfance de Jésus. Luc, après une dédicace où il s’explique d’écrire un récit ordonné de tout ce qui est arrivé depuis le début, raconte à son tour les récits de l’enfance de Jean et de Jésus. Pour Matthieu et Luc, c’est leur façon d’illustrer le fait accompli. Jésus réalise la Nouvelle Alliance. De là vient l’expression Nouveau Testament pour les évangiles et les écrits apostoliques et Ancien Testament (expression un peu malheureuse) pour les Écritures antérieures à Jésus.
 

ll faut se rappeler que le premier livre de la Bible (il ne faut pas s'imaginer toutefois qu’il fut écrit le premier), la Genèse, s’ouvre par ces mots : « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. » Les quatre évangiles en reprenant ces expressions : commencement, livre des origines, depuis le début, au commencement, illustrent comment toute l’Écriture trouve son sens en Jésus de Nazareth, fils de David, né de la Vierge Marie, Fils de Dieu.

Récits de l’enfance

Il n’est pas tout à fait juste de parler d’évangiles de l’enfance comme si ces récits de l’enfance constituaient à eux seuls des évangiles. Ces récits de l’enfance font corps avec l’évangile auquel ils appartiennent, même si ces premiers chapitres de Matthieu et de Luc utilisent des procédés et un genre littéraire différents des autres parties de l’évangile (l’utilisation du merveilleux, par exemple). Pour Matthieu, le récit de l’enfance est une façon de montrer que Jésus est bien le fils d’Abraham, le fils de David, le Fils de Dieu. Pour Luc, le récit illustre que Jésus est bien le fils de Marie, le Fils de Dieu et le Sauveur.

Laurent Lafontaine est bibliste et prêtre du diocèse de Montréal.