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chronique du 10 mars 2006
 

Un nouvel apocryphe : l’évangile de Judas
 

magazine     manuscrit

QuestionJe me suis achetée la revue Sciences & Avenir (janvier 2006) et j'y ai lu l'article intitulé « Découverte d'un manuscrit dérangeant : l'Évangile de Judas ». Apparu en 1983, égaré et aujourd’hui en cours de restauration en Suisse, il donne une nouvelle version de la trahison du Christ. Judas aurait simplement obéi à un ordre divin. Présentement le manuscrit est en Suisse sous la consigne du professeur Rodolphe Kasser. Seuls quelques fragments ont pu être déchiffrés à ce jour. À la dernière page il apparaît que Judas obéissait à Dieu en trahissant Jésus. C'est une nouvelle vision qui ne nous dit pas qui il était en réalité, mais comment le voyaient ceux qui ont écrit cet évangile et qui considéraient, en fin de compte, comme un héros. Cet article est fort intéressant. J'aimerais bien avoir votre opinion... (Monique)

RéponseVotre question suscite en moi plusieurs réactions. Elle me rappelle d’abord que le journaliste est un homme ou une femme sans cesse en quête du scoop, d’une découverte surprenante qui va susciter l’intérêt du lecteur et faire monter les ventes du journal. Qu’il ou elle apprenne l’existence d’un « évangile apocryphe », dont il ignorait l’existence jusqu’à ce jour, il court le danger d’en faire un scoop, de faire croire que l’Église cache des textes compromettant pour elle, qui vont révolutionner la manière de comprendre Jésus et les évangiles.
 

jaquette     jaquette

     Il faut savoir – ce sera ma deuxième remarque – que les deux ou trois premiers siècles de l’ère chrétienne connaissent une littérature foisonnante que l’on appelle « intertestamentaire ». On trouve ainsi des « évangiles apocryphes » comme le Protévangile de Jacques, l’Évangile de Marie, l’Évangile de Thomas… Vous avez, dans la collection La Pléiade des éditions Gallimard (voir plus haut), deux volumes qui présentent cette littérature intertestamentaire. Dans ce foisonnement de récits très divers, une nécessité va apparaître, une question que se posent les premières communautés chrétiennes : Quels sont les récits où il est possible de reconnaître la foi mise en Jésus Sauveur? Un consensus se fera peu à peu dans l’Église de l’époque autour des textes qui forment, depuis lors, le Nouveau Testament.

     Dernière remarque. Que deviennent les autres récits? Certains, comme le Protévangile de Jacques, vont nourrir l’imaginaire populaire et d’autres, comme l’Évangile de Thomas ou de Judas, tombent dans les oubliettes de l’histoire jusqu’à ce qu’un chercheur les exhume à nouveau, permettant de mieux saisir la diversité des approches du mystère de Jésus. La découverte et la traduction d’un vieux manuscrit peuvent créer de l’excitation dans le monde des chercheurs. Elles ne changeront rien aux textes qui restent pour des millions de croyants le seul pôle de référence et de rassemblement.

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Lire aussi :
L’évangile selon Judas

Chronique précédente :
La vie économique au temps de Jésus