chronique du 7 avril 2006 | |||||
Difficile de
comprendre la Bible! Pourquoi la Bible n'est pas marquée par une unité littéraire, mais par un amalgame d'écrits variés (diversité des auteurs, processus de sélection qui mena à la liste actuelle)? Pourquoi est-ce si difficile de comprendre les textes de l'Ancien Testament? Le ou les fils conducteurs sont difficiles à saisir et à cerner à travers toute la Bible. Pour comprendre cette diversité, je repartirai de ce qu'est la Bible, ou plutôt de ce que ses auteurs ont voulu transmettre au travers de ces écrits. En effet, la Bible n'est pas un livre historique, ni un recueil de contes, ni les annales d'un royaume, ni un volume scientifique, ni un catéchisme, même s'il est vrai que certains textes s'approchent parfois de l'un ou l'autre de ces genres. La diversité du canon biblique Les auteurs des écrits de cette « bibliothèque » (Bible est tiré d'un mot grec signifiant « les livres ») ont eu à cur de transmettre à leur contemporains et à leurs descendants une relecture de leur histoire, au travers d'un éclairage bien particulier : celui de la relation de Dieu avec son peuple, voire plus largement avec l'humanité toute entière. C'est dans cette optique que les événements importants du peuple juif, ainsi que les grandes questions liées aux origines de l'humanité, le sens de la vie et la vie après la mort, ont été abordés dans ces textes. Ainsi, au fur et à mesure des événements, des hommes ont regardé vers le passé pour essayer de comprendre ce qui les avaient amenés à leur situation actuelle. Ils y ont vu la main de Dieu, un Dieu aimant son peuple au delà de toutes ses erreurs, de toutes ses errances, de tous ses doutes. Ces hommes ont bien entendu été inspirés par la situation qu'ils vivaient, leur contexte historique, culturel, géographique, mais aussi inspirés par Dieu au moment de l'écrire. C'est du moins ainsi qu'en ont jugé ceux qui ont délibérément choisi ces textes pour les réunir en un seul livre, constituant ainsi le canon biblique (« canon » désigne la liste et l'ordre des livres reconnus comme inspirés par une communauté religieuse juive ou chrétienne). La constitution des canons de l'Ancien et du Nouveau Testament ne s'est bien entendu pas réalisée en un jour. Les Juifs ont ressentis le besoin, dès leur retour d'exil (vers 540 av. JC), de collectionner et d'assembler les textes fondamentaux qui ont jalonné leur histoire, afin de donner une base solide à la reconstruction de leur pays. Certains textes ont d'ailleurs été complétés ou écrits à ce moment-là. Cependant, ce n'est que vers la fin du Ier siècle que le canon hébraïque a pris sa forme définitive. Quant au canon du Nouveau Testament que nous connaissons, il date de 367. Il aura fallu environ trois siècles de discussion et de réflexion avant que les chrétiens se mettent d'accord sur les textes à retenir (Évangiles, Épîtres et surtout l'Apocalypse). Trois critères ont permis de faire un choix parmi les écrits circulants dans l'ensemble de la chrétienté. Tout d'abord, un respect tout particulier était accordé aux témoignages remontant à Jésus en personne et à ses Apôtres (principe de la tradition apostolique). Ensuite les textes choisis devaient être admis dans l'ensemble des Églises disséminées sur le littoral méditerranéen. Finalement, il fallait que les ouvrages sélectionnés participent à l'édification de l'Église (c'est à dire qu'il participe à sa construction), ainsi pouvait on les juger inspirés par l'Esprit Saint. Un fil conducteur à travers la Bible Ceci explique la variété que nous retrouvons dans les textes, mais aussi les divergences, voire les contradictions (et elles sont nombreuses) entre les différents écrits. Ceci dit, le principal fil conducteur qui traverse toute la Bible, est justement ce regard porté sur la relation entre Dieu et les hommes, sur la manière dont ce Dieu, qui aime tant sa créature, peut intervenir dans nos vies. Chaque livre biblique a quelque chose à nous apprendre à ce sujet, que ce soit dans l'Ancien ou le Nouveau Testament. J'ajouterai même que le Nouveau Testament apporte souvent un éclairage supplémentaire aux textes de l'Ancien Testament. En effet, en lisant notre Bible, nous faisons le même travail que les auteurs des textes : nous relisons l'histoire. Seulement nous le faisons à partir de notre contexte historique, culturel, géographique. Et surtout, au travers d'une nouvelle lunette : celle du christianisme. Ce que nous savons de Jésus-Christ, au travers des Évangiles et des Épîtres, apporte un nouvel éclairage sur la scène du passé. Et loin de supprimer ou de rendre caduc ces vieux livres, cet éclairage les enrichi et les complète. Alors, est-ce si difficile de lire l'Ancien Testament? Peut-être parfois et je dirais même heureusement parfois. Pour moi, il est clair que « La Bible grandit avec celui qui la lit » (citation de saint Grégoire), ce qui signifie que quel que soit notre niveau en théologie, la Bible a toujours quelque chose à nous dire. Mais les textes n'ont jamais qu'une seule et même interprétation possible, jamais une seule vérité à nous apprendre. Au fur et à mesure que nous avançons sur notre chemin de foi, de nouvelles portes s'ouvrent à nous. Les difficultés que nous rencontrons parfois dans nos lectures nous imposent de ne pas rester assis sur nos certitudes, de toujours remettre « notre vérité » à la lumière de la « Vérité de Dieu ». Remis en question par le texte biblique, nous nous remettons au travail. Ce n'est qu'à cette condition-là que nous nous approchons de Dieu, petit pas après petit pas Une « boîte à outil » pour lire la Bible Heureusement, lorsque nous sommes coincé par un texte de la Bible, il existe une « boîte à outils » : ce sont les aides extérieures qui peuvent apporter des éléments nécessaires à notre compréhension. Parler de la remise dans le contexte pour mieux comprendre Sans vouloir être exhaustive, je mettrais dans cette boîte à outil :
Quoi qu'il en soit, ne vous découragez jamais! C'est une merveilleuse aventure que de se confronter à la Bible! Dieu nous le promet : « Cherchez et vous trouverez. » (Matthieu 7,7) Approcher Dieu, le « Tout Autre », ne se fait qu'à se prix : en cherchant! Et ce que je trouve me nourrit tellement, que je continue de chercher encore et encore. Natalie Henchoz Chronique
précédente : |
|||||
|
|||||