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Comprendre la Bible
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chronique du 5 janvier 2007
 

Tour de confusion

QuestionJe m'appelle Betty. J'ai 11 ans et dois donner une rédaction à ma professeur de français sur la tour de Babel (Gn 11, 1-9). J'aimerais avoir un document dessus (date de construction, une histoire, etc.) Merci d’avance (Betty)
 

RéponseLe mot Babel signifie « confusion ». Cette tour fut appelée ainsi à cause de la confusion des langues qui provoqua l’arrêt de sa construction. Pour comprendre l’origine de cette tour, il faut se référer à ce qui précède. En Gn 10,10, Babel est le nom d’une des capitales des villes construites par un géant mésopotamien appelé Nebrôd. Ce héros possédait un vaste domaine qui comprenait la ville située au pays de Shinéar où se fit la construction de la tour (Gn 11,2). Or, nous savons que le pays de Shinéar désigne la Babylonie. Cette tour serait donc la ziggourat de Babylone, le plus haut, le plus beau et le plus somptueux monument de tous ceux qui existaient ou avaient existé en Mésopotamie (Ur, Uruk, Suse, Eridu, Larsa, Nippur etc.). On a découvert seize ziggourat de formes diverses en Mésopotamie jusqu’à présent.

     La ziggourat de Babylone était dédiée au dieu Marduk. C’était un grand centre religieux qui connut au Proche-Orient ancien, un grand rayonnement. Elle demeura debout pendant mille ans jusqu’à sa destruction par Sennachérib en 689 av. J.C. Symbolisant une montagne sacrée, elle permettait aux hommes, par l’intermédiaire du roi, des prêtres et des prêtresses, de se rapprocher des dieux. Elle avait une forme pyramidale et comprenait six étages surmontés d’un temple. Dans le récit du livre de la Genèse, la confusion des langues et l’arrêt de la construction la tour furent interprétés par le peuple hébreu comme le châtiment de Dieu en raison de l’idolâtrie, de l’orgueil des hommes qui voulaient se faire les égaux de Dieu ou dont le travail et l’ambition s’exerçaient au détriment des rapports conviviaux, fraternels et humains.

     Dans la tradition chrétienne, le contraire de cette confusion des langues se trouve dans le récit de la Pentecôte où les gens comprennent dans leurs langues ce que disent les apôtres (Ac 2,6).

     Les Pères de l’Église, et en particulier saint Augustin, ont compris ce récit par rapport à l’ensemble où il s’insère (Gn 3-11). Le mal est entré dans le monde par le péché d’Adam et les choses ne font qu’empirer jusqu’à ce récit qui conclut l’histoire du début de l’humanité.

     Puis la tour de Babel a eu un regain d’intérêt au Moyen Âge, notamment chez les peintres, pour finalement tomber dans l’oublie pendant des siècles… jusqu’à aujourd’hui où, à cause des événements du 11 septembre, elle connaît subitement un regain d’intérêt. Elle devient un puissant symbole nous permettant de penser le monde où nous vivons.

Yolande Girard

Lire aussi :

La tour de Babel

Paul Zumthor,
Babel ou l’inachèvement
, Seuil, 1997, 232 p.

Michel Sauquet et Julien Chazal,
Un matin sur Babel, un soir à Manhattan,
 
Paris, Alternatives, 2001, 93 p. 
Un très beau livre illustré par un peintre-calligraphe
en rapport avec les événements du 11 septembre.

Chronique précédente :
Un dénommé Jéthro