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chronique du 6 mai 2011

 

Sacrifice et feu : l’alliance entre Abraham et Dieu

Questionalliance d'AbrahamDans le récit de Genèse 15, en quoi les animaux séparés en leur milieu et au centre desquels passent des flammes symbolisent-ils l’alliance de Dieu avec Abraham?

RéponseLa façon habituelle d’expliquer ce passage s’appuie sur la notion très ancienne de pacte ou d’alliance. Prenons exemple de ce que nous faisons. Lorsque nous convenons de quelque chose d’important avec quelqu’un ou lors d’un événement spécial, nous prenons un repas ensemble, soit qu’il s’agisse d’un repas festif en famille ou en communauté, soit d’un repas plus privé entre les contractants. Les alliances anciennes étaient sanctionnées aussi de cette façon. La plupart du temps, les alliances du monde ancien concernaient un supérieur avec un inférieur, souvent deux rois dans une relation de vassalité. Ainsi on a trouvé des traités d’alliance entre un roi vainqueur ou conquérant et un autre roi inférieur ou conquis, chacun s’engageant à certaines obligations précises. L’inférieur promet de fournir, par exemple, des biens et des hommes, le supérieur promet protection et assistance en cas de besoin. Puis les deux contractants prenaient les dieux à témoin et invoquaient sur eux soit des bénédictions en cas de fidélité soit des malheurs en cas de manquements aux obligations du pacte. Le repas festif était un sacrifice qui scellait ou officialisait le pacte, puisque, il faut le rappeler, le sacrifice comportait la plupart du temps un repas.

     Ce qui est spécifique au judaïsme, c’est l’alliance entre Israël et son Dieu, YHWH. On peut voir cette alliance dans des textes comme Ex 19–24 ou le livre du Deutéronome, qui suivent plus ou moins le modèle dont nous venons de parler. Dieu a aussi scellé des alliances avec les patriarches, dont Abraham en Gn 15 et 17. Mais le modèle habituel du pacte devait être adapté quand l’un des contractants était la divinité. On ne peut pas vraiment prendre un repas avec son Dieu ou encore, dans un contexte monothéiste, invoquer les autres dieux à intervenir en cas de rupture. C’est pourquoi le texte de Gn 15 présente à sa manière la conclusion d’un pacte entre Abraham et son Dieu symbolisé par le feu. De même que les contractants sacrifiaient des animaux et passaient entre leurs parties pour signifier le pacte conclu (voir Jr 34,18) et invoquer sur eux le sort des animaux sacrifiés en cas de rupture, ainsi font Dieu et Abraham.

Hervé Tremblay

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