L’agneau mystique (au sommet de la coupole).
Mosaïque de la basilique Saint-Vital, Ravenne, Italie (Wikimédia).

Agneau de Dieu

AuteurSébastien Doane | 20 mars 2015

Grec : amnos tou theou
Latin : agnus dei

Lors des célébrations eucharistiques, avant la communion, les catholiques invoquent l’agneau de Dieu en lui demandant de prendre pitié de nous et de nous donner la paix. Cette expression nous laisse perplexe. Que vient faire ici ce divin mouton? Que veut dire cette curieuse expression?

L’agneau est le petit de la brebis. Dans notre culture actuelle, sa fragilité et sa douceur représentent la non-violence et l’innocence. L’expression populaire le dit bien : « être doux comme un agneau. »

Dans le monde de l’Ancien Testament, l’agneau est un des animaux sacrifiés pour le Seigneur. La fête de la Pâque juive est célébrée par le sacrifice d’un agneau. Son sang mis sur les portes des maisons rappelait le geste posé pour protéger les Israélites du dernier des fléaux en Égypte (Ex 12,21-23).

Le Nouveau Testament relie Jésus à la figure de l’agneau. C’est dans l’Évangile de Jean (1,29-34) que se retrouve l’expression « agneau de Dieu ». Lorsque Jean Baptiste voit Jésus, il déclare : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Cette expression fusionne deux images de l’Ancien Testament. D’une part, elle fait référence au Serviteur souffrant (Is 52,13-53,12) qui prend sur lui les péchés du peuple [1]. Ce serviteur s’offre comme un agneau sacrifié pour rétablir le lien avec le Seigneur. D’autre part, l’expression « agneau de Dieu » renvoie à l’agneau pascal. L’Évangile de Jean spécifie même que Jésus est mort au moment où les agneaux sont sacrifiés pour la Pâque. Pour les premiers chrétiens, Jésus est donc « l’Agneau de Dieu » ce serviteur souffrant, cet agneau sacrifié pour le bien de la communauté.

Le temps du carême et de la Semaine sainte nous permet de réfléchir au sens de la mort de Jésus. Victime innocente, Jésus a été exécuté par les puissants. Il est l’agneau égorgé qui a osé se tenir debout, victime du mal et du péché. L’invocation de l’agneau de Dieu, lors d’une messe, nous rend conscients du péché qui nous entoure, pour construire avec Jésus un monde différent : un monde de paix.

Sébastien Doane est professeur d’exégèse biblique à la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval (Québec).

[1] « Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche: comme un agneau conduit à l’abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvre pas la bouche » (Isaïe 53,7).

Cet article est extrait de Lexique sympathique de la Bible, Montréal, Novalis, 2013, 280 p.

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