Vignoble (Flam Winery) à Eshtaol, en Israël (Eli Levit / Unsplash).

Vigne

Sylvain CampeauSylvain Campeau | 21 mars 2022

Hébreu : gepen
Grec : ampelos

La Terre Sainte est, encore aujourd’hui, une terre de vignobles. Selon la tradition biblique, la culture de la vigne remonte aux origines de l’histoire de l’ancien Israël : Noé est présenté comme le premier vigneron (Genèse 9,20). À l’époque des patriarches, on transformait déjà le produit de la vigne : le vin était donc une boisson connue (Genèse 14,18 ; 27,25.37 ; 49,11s).

Les sources anciennes sont unanimes : on cultivait la vigne au Proche-Orient ancien et certaines localités étaient réputées pour la qualité de leur vin. En Terre Sainte, on appréciait les cépages de la vallée d’Eskhol près d’Hébron (Nombres 13,23s). Le vin du Liban était aussi réputé (Osée 14,8), de même que celui produit à Helbôn, près de Damas en Syrie (Ézéchiel 27,18).

On plantait souvent les vignes sur des coteaux bien exposés au soleil (Isaïe 5,1). On préparait le sol avec soin (5,2). Le vignoble était entouré d’une clôture pour protéger les fruits du bétail et des bêtes sauvages (Nombres 22,24) et on ajoutait parfois une tour de garde pour abriter les gardiens de la vigne (Matthieu 21,33).

La vigne dans l’Ancien Testament

Quand vous moissonnerez vos terres, tu ne moissonneras pas ton champ jusqu’au bord ; et tu ne ramasseras la glanure de ta moisson ; tu ne grappilleras pas non plus ta vigne et tu n’y ramasseras pas les fruits tombés ; tu les abandonneras au pauvre et à l’émigré. (Lévitique 19,10 ; voir aussi Deutéronome 24,21)

La Loi interdisait, après la vendange, de grappiller sa propre vigne. C’était une manière de venir en aide aux plus pauvres de la société. Certains prophètes reprendront l’image de la vigne dans un tout autre contexte que celui de la Loi. Osée est le premier à comparer Israël à une vigne fertile (10,1). Isaïe, par contre, inverse la perspective : Israël est une vigne stérile, malgré les soins attentifs du Dieu d’Israël, son vigneron, qui se dit prêt à l’abandonner (Isaïe 5,1-7). Jérémie et Ézéchiel reprennent la même image (Jérémie 2,21 ; 8,13 ; Ézéchiel 17,1-10). Après l’exil, on revient à une perspective proche de celle du prophète Osée : on parle alors d’un rétablissement de cette vigne (Psaumes 80,9-17 ; Isaïe 27,2-11).

Jésus et la vigne

Tous ces textes de la première Alliance aident à comprendre les paraboles de Jésus : celle des ouvriers embauchés jusqu’à la dernière heure de travail (Matthieu 20,1-16) et celle des vignerons homicides (Marc 12,1-12 et parallèles). Dans ces paraboles, la vigne représente le Royaume et le propriétaire est Dieu lui-même, comme dans les textes prophétiques.

Dans l’Évangile selon Jean, on observe un déplacement important : la vigne, c’est le Christ et les disciples sont comparés aux sarments. Mais l’objectif de la comparaison avec la vigne demeure : il s’agit de remettre à Dieu, le vigneron, les fruits qu’il attend (Jean 15,1-16).

Diplômé de l’Université de Montréal, Sylvain Campeau est bibliste et responsable de la rédaction.

Les mots pour le dire

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