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Symbole biblique
  montagne
Imprimer chronique du 23 mars 2004
 

Images violentes de Dieu :
Dieu guerrier

 

Les textes bibliques qui mettent en scène un Dieu guerrier posent un problème comparable à celui du Dieu vengeur. Comment se situer face à des textes bibliques, comme par exemple le livre de Josué, qui décrit l'installation d'Israël dans le pays promis, comme une conquête militaire, un « Blitzkrieg », mené sous la conduite du Dieu d'Israël?

     Les auteurs qui nous ont transmis le livre de Josué étaient confrontés à l'idéologie assyrienne, dominante dans le Proche-Orient ancien du IXe siècle au VII s. av. J. C. Selon l'idéologie assyrienne, Assur, le Dieu national de l'empire, est le Dieu invincible qui mène toutes les guerres de l'Assyrie afin de soumettre tous les peuples. Pour les auteurs inspirés, cette idéologie allait à l'encontre de la souveraineté du Dieu d'Israël. Ils ont donc repris le modèle assyrien en le retournant contre les Assyriens. Ils voulaient montrer que Yahvé était plus fort qu'Assur et que le Dieu d'Israël avait donné le pays à son peuple en chassant tous les occupants; or, les occupants du pays à cette époque étaient justement les Assyriens. Les récits qui présentent une victoire contre les Cananéens visent donc en premier lieu les Assyriens. Les auteurs de Josué affirment ainsi la supériorité de Yahvé sur l'Assyrie et tous ses dieux au prix cependant de faire de Yahvé un Dieu aussi guerrier qu'Assur.

      La pensée biblique sur ce thème serait profondément déficiente s'il n'était pas fait mention de ces corrections qu'on a apportées au texte dans certaines versions. Au 2e siècle av. J. C., par exemple, la Septante remplaçait « Dieu guerrier » dans le chant de victoire des Israélites après la sortie d'Égypte ((Exode 15, 3) par « Dieu briseur de guerres », ou qui en finit avec les guerres. Jésus parle en témoin d'une évolution définitive lorsqu'il refuse l'emploi des armes à son arrestation à Gethsémani. Il guérit le serviteur du grand-prêtre dont Pierre avait coupé l'oreille et il déclare : Ça suffit (Luc 22, 51). Il ajoute ensuite : Tous ceux qui prennent le glaive périront par le glaive. (Pierre), penses-tu donc que je ne puisse faire appel à mon Père, qui me fournirait sur-le-champ plus de douze légions d'anges? (Matthieu 26, 53). Il ne convient donc plus de parler ainsi de Dieu car Jésus est prince de la paix (Isaïe 9, 5).

Pierre Bougie, PSS, bibliste
Professeur au Grand Séminaire de Montréal

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Le feu