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chronique du 16 septembre 2011

 

La virginité

La fille de Jephté (et ses compagnes) pleurant sur sa virginité

La fille de Jephté (et ses compagnes) pleurant sur sa virginité
Édouard Debat-Ponsan
Huile sur toile, 1876
(photo : Wikimedia Commons)

Pour la Bible, est vierge celle qui n’a pas encore connue d’homme, c’est-à-dire qu’elle n’a pas encore eu de relations sexuelles. Ce mot peut aussi s’appliquer à une jeune femme mariée qui n’a pas encore consommé le mariage (Jl 1,8). Dans la culture de l’Ancien Testament, c’était une honte ou une malédiction de ne pas se marier. D’où l’expression « pleurer sa virginité » (Jg 11,37).

     La virginité d’une future épouse était très importante. Si un homme s’unissait à une femme pour la première fois et qu’elle n’était pas vierge, le livre du Deutéronome (22,13-21) précise qu’elle sera lapidée puisqu’elle est assimilée à une prostituée et qu’il faut expurger le mal pour garder le peuple saint. Pour se défendre, cette femme doit montrer la preuve qu’elle lui a donné sa virginité en montrant le manteau sur lequel ils se sont couchés. Si le manteau a une tache de sang, sa réputation et sa vie sont sauves. Bien sûr, cette façon de voir la virginité provient d’une société où la prépondérance des hommes est admise comme un fait. Par exemple, la Bible ne place pas d’importance à la virginité masculine.

     Un verset concernant la virginité a fait couler beaucoup d’encre. Il s’agit d’Isaïe 7,14 qui a été repris par Matthieu et Luc comme allusion à la virginité de Marie. La Septante a traduit le mot hébreu almâh par parthénos (vierge). Or, almâh n’est pas le mot hébreu pour décrire la virginité. Ce mot désigne plutôt une jeune femme pubère, mariée ou non, en âge d’avoir des enfants, mais qui n’en a pas encore. Une almah n’est donc pas nécessairement vierge. C’est une jeune femme sans enfant. Ainsi, la prophétie d’Isaïe parle d’une jeune femme qui aura un premier enfant qui sera nommé Emmanuel. Le contexte donne à penser qu’il s’agit probablement de l’épouse du roi Achaz et que cette naissance sera le symbole de la paix à venir. Il n’y a donc pas de naissance virginale dans le texte original. Dans la Septante, cette prophétie a été modifiée par sa traduction en grec. La jeune femme dont parlait le texte hébreu devient une vierge. C’est cette mauvaise traduction qui inspirera les récits de naissance de Jésus des évangiles de Matthieu et de Luc.   

     Au sens symbolique, le concept de virginité a été employé en parlant du peuple d’Israël. En employant l’expression « vierge d’Israël », les textes bibliques veulent montrer que le peuple d’Israël appartient à Dieu et que ce peuple n’a pas connu d’autres dieux.

     De même, la symbolique de la virginité sera appliquée à la communauté chrétienne destinée à s’unir au Christ comme une épouse vierge. La virginité évoque la pureté et la sainteté vers laquelle cette communauté doit tendre. Ainsi, Paul dira aux Corinthiens : « Je vous ai fiancés à un époux unique, pour vous présenter au Christ, comme une vierge pure » (2 Co 11,2).

     On retrouve dans l’Apocalypse l’unique mention de la virginité à propos des hommes. Elle concerne les 144 000 élus. « Ils ne se sont pas souillés avec des femmes, car ils sont vierges. » (Ap 14,4). Avec ce verset, on peut voir naître l’idéal de la virginité qui sera un thème repris dans le christianisme. Pourtant, dans son contexte littéraire, cette virginité des élus est probablement métaphorique indiquant leur fidélité au Christ puisqu’ils ne se sont pas laissés contaminer par l’idolâtrie du monde.

Sébastien Doane

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La faim et la soif