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Symbole biblique
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chronique du 14 octobre 2016

 

La barbe : des pharaons aux hipsters

masque de Toutankhamon

Sur le masque de Toutankhamon, conservé au musée du Caire,
on voit clairement la barbe postiche.


Depuis quelques années, la barbe est revenue à la mode. Les jeunes hommes se laissent pousser barbe et moustache avec un soin particulier pour obtenir un look rétro propre aux hipsters. La pilosité faciale est un attribut qui évoque souvent la masculinité voir la puissance et la virilité de quelqu’un. Est-ce que le principe était le même dans la culture biblique [1]?

La fausse barbe des pharaons

     En Égypte antique, on représentait le pharaon avec une fausse barbe, longue et étroite, qu’on attachait derrière les oreilles. Elle symbolisait sa participation au pouvoir des dieux. Fait intéressant, même une reine-pharaonne, Hatshepsout, portait cette barbe postiche. En général, les Égyptiens se rasaient la barbe. Seuls les pharaons pouvaient porter une fausse barbe. D’ailleurs, lorsque Joseph est présenté au Pharaon, on le rase (Gn 41,14).

Une barbe de consécration

     En Israël, la barbe était habituellement portée par les hommes en particulier chez les prêtres. « Ah, qu’il est bon, qu’il est agréable pour des frères d’être ensemble!  C’est comme le parfum de l’huile précieuse versée sur la tête du grand prêtre Aaron, et qui descend jusqu’à sa barbe. » (Ps 133,1-2) Les prêtres et les nazirs devaient garder les cheveux longs et la barbe non rasée. Cette pilosité intacte était un symbole de consécration. Voici la règle concernant les prêtres : « Ils ne tondront pas de tonsure sur leur tête et ils ne raseront pas le bord de leur barbe. » (Lv 21,5) C’est d’ailleurs ce principe qui est à l’origine des mèches de cheveux/barbes non coupées des juifs hassidiques appelés papillotes.

Se raser ou s’arracher la barbe

     En revenant de l’Exil à Babylone, ce qu’Esdras voit du peuple resté en Israël est si horrible qu’il s’arrache les poils de la tête et de la barbe en guise de protestation (Esd 9,3). Ce geste indique une réaction émotionnelle intense devant un comportement jugé ignoble.

     En Mi 3,7, se couvrir la moustache est symbole de honte ou d’humiliation. De même Ézéchiel se rase la tête et la barbe comme geste prophétique pour signifier l’humiliation et la destruction de Jérusalem (Ez 5,1-4). Isaïe attribue même à Dieu un geste similaire : « En ce jour-là, avec un rasoir loué au-delà du Fleuve chez le roi d’Assyrie, le Seigneur rasera la tête et le poil des pieds; même la barbe sera enlevée. » (Is 7,20) En effet, Dieu permettra à l’Assyrie d’attaquer son peuple. Marc Girard interprète ces coupes humiliantes dans un regard psychanalytique comme une castration symbolique.

Ma barbe

     J’avoue que j’aime beaucoup porter la barbe. Je me rappelle la fierté de pouvoir enfin avoir à 14 ans une jeune barbe. Ce n’est donc pas à cause de la mode hiptser que je la porte. À 38 ans, ma barbe est aussi fournie que mon crâne est dégarni! Vous savez que Jésus affirme que Dieu a compté tous les poils de ma tête (Mt 10,30; Lc 12,7) ? J’espère que ça inclut la barbe!

[1] Les informations de cette chronique ont été trouvées dans Marc Girard, Symboles bibliques langage universel, Montréal, Médiaspaul, 2016.


Sébastien Doane

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Des cheveux roux : symboles de virilité

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Les tentations : approfondissement des désirs