La création d’Ève. William Blake, 1822.
Crayon, encre et aquarelle, 50,4 x 40,7 cm.
National Gallery of Victoria, Melbourne.
Ève, la vivante
Sylvain Campeau | 13 mai 2024
Hébreu : hawwah
C’est dans le récit de la « chute » que l’on apprend le nom de la première femme. Mais s’agit-il vraiment d’un nom propre? Regardons les textes qui concernent Ève de plus près.
Dans le deuxième récit de la création, Dieu crée d’abord l’humain (adam) ou le « terreux ». La manière dont le texte le désigne vient du fait qu’il est façonné par Dieu, comme un potier, à partir de la terre. Devant la solitude éprouvée par ce premier humain, Dieu trouve une solution : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; je vais lui faire une aide qui sera son vis-à-vis. » (Genèse 2,18) C’est ainsi qu’il crée la femme et la présente à l’homme. Dans ce récit, la femme est désignée par le terme hébreu « ishah », le féminin de « ish » qui désigne l’homme.
Il faut attendre l’épilogue du récit suivant pour rencontrer le terme Ève qui désigne la femme [1]. Il s’agit en fait d’un titre honorifique que lui donne l’homme. En hébreu, le terme peut se traduire par « vivante » et c’est d’ailleurs à partir de ce sens du mot que l’explication est donnée : « elle est devenue la mère de tous les vivants » (3,20). Le chapitre suivant nous apprend en effet qu’elle donne naissance à trois fils : Caïn, Abel (4,4,1-2) et Seth (4,25-26).
L’un des choses importantes que nous enseignent ces récits de Genèse 2-3 c’est que l’humain est un être relationnel. Il a besoin d’entretenir des relations vitales avec la terre ou la nature, avec Dieu et avec ses semblables. Et c’est dans sa rencontre avec son vis-à-vis que la solitude de l’humain prend fin.
Diplômé de l’Université de Montréal, Sylvain Campeau est bibliste et responsable de la rédaction.
[1] C’est le seul passage de la Bible hébraïque qui utilise ce terme pour désigner la femme.